Au Maroc : « Protégez nos enfants de la mort dans les commissariats de police »
A Salé, ville jumelle de Rabat capitale du Maroc, la mort sous torture de Fodail Aberkane, soulève un grand émoi dans son quartier et une mobilisation des activistes marocains.
Le 11 septembre dernier, Fodail Aberkane, 37 ans a été arrêté pour motif de consommation du cannabis. Différé devant le procureur du roi, ce dernier décida de le libérer.
Le 15 septembre, Fodail accompagné de son frère, revient au commissariat de la police pour récupérer son téléphone portable et sa moto saisis lors de la première arrestation. Survient alors un accrochage avec les forces de police, le frère de la victime est expulsé dehors et , Fodail Aberkane est obligé de passer deux jours aux commissariats aux termes desquelles il est différé dans un état lamentable devant le procureur du roi pour « outrage à un agent dans l’exercice de ses fonctions ». Bien portant avant son passage au commissariat central de Hay Salam à Salé, Fodail Aberkane, est envoyé en détention dans un état grave après avoir subi des tortures dans ce commissariat selon les déclarations de sa famille et des organisations de droits de l’homme locales.
Deux jours plus tard, le 17 septembre, Fodail Aberkane lors de son transfert de la prison de Salé vers l’hôpital Ibn Sina de Rabat. Il n’était ni en état de bouger ni en état de parler mais il a tenu à prononcer les noms des deux agents de la police qui l’ont sauvagement torturé et, finalement l’ont envoyé à la morgue.
La mort sous torture de Fodail Aberkane, qui malheureusement n’a rien d’inédit au Maroc, ne passe pas et soulève un grand émoi dans son quartier (Al Inbiaatt à Salé) et dans la ville jumelle de Rabat.
Les obsèques de Fodail ABrkane ont donné lieu à une manifestation improvisée pour demander la punition des responsables de sa mort et la fin de la « Hogra » :
Vendredi dernier un sit-in est organisé devant le commissariat central de police de Salé pour dénoncer la mort de Fodail Aberkane et demander la poursuite de ses assassins.
En bas, deux mamans de Hay Al Inbiaat avec une pancarte « Protégez nos enfants de la mort dans les commissariats de police »
Les manifestants crient non à « la corruption, l’impunité et la loi de la jungle ».
Les organisations marocaines et internationales dénoncent régulièrement la torture dans les prisons et commissariats de police marocains. Pratiques souvent passés sous silence par les médias marocains et leurs homologues étrangers. Comme le note un observateur marocain : « Le cas Aberkane de sera pas cité de sitôt sur Le Monde ou le New York Times parce qu’il a le malheur de ne pas être Iranien »
Selon le quotidien Assabah , les autorités marocaines ont ouvert une enquête sur cette mort tandis que la police et l’administration pénitentiaire se sont renvoyés, sous couvert d’anonymat, la responsabilité de cette mort.
(Photos et vidéos: Nizar Bennamate et Najib Chaouki)
10 Comments
Poster un nouveau commentaire